Dispositifs d’orientation pour les professionnel.le.s de première ligne.
Connaître, orienter et autopsie psychologique.
Le « suicide forcé » est l’appellation qui est donnée à des situations où les femmes sont victimes de la violence psychologique de leur partenaire et se donnent la mort, conduites à cela par la manipulation et l’emprise, et par la souffrance qu’elles éprouvent. Mais à ce jour, aucune loi ne permet véritablement d’aller rechercher la responsabilité des auteurs de violence psychologique comme pour d’autres violences volontaires, sauf en France.
Les familles des victimes de « suicides forcés » se heurtent donc à un mur. Et les victimes demeurent invisibles.
Sans une préparation psychique destinée à la soumettre, aucune femme n’accepterait la violence physique conjugale. C’est cette préparation psychique, cette pression psychologique, cette violence verbale créant une situation de domination, qui conduisent à la destruction morale d’un être, puis à la violence physique, et hélas trop souvent, à la mort.
Ce processus d’emprise entraîne chez la victime une altération de ses capacités de jugement, qui la conduit à accepter l’inacceptable, à tolérer l’intolérable. La victime se trouve alors dans l’impossibilité de nommer ce qu’elle vit, ce qu’elle peut tolérer ou pas. Les conséquences traumatiques sont considérables : s’opère une véritable rupture identitaire.
Les plaintes pour violences portent le plus souvent sur une scène ponctuelle de violence physique et morale tirée du contexte : une claque, un coup, une menace, une injure. Or, cette scène raconte une histoire, une vie faite d’insultes, de dénigrements, d’humiliations, d’harcèlement, d’isolement, de pressions, de chantage. La violence physique au sein du couple est le symptôme visible de son ciment, son socle : l’emprise. Quand il y a violence physique, c’est qu’il y a forcément, systématiquement de la violence psychologique, une emprise.
Lorsque la victime :
Aura été privée de son libre‐arbitre ;
Que ces capacités de jugement auront été altérées ;
Que toutes ses résistances psychiques auront cédé ;
Alors même que son instinct de survie aura disparu, en même temps que ses illusions ;
Que ses appels à l’aide n’auront pas été entendus ;
Lorsque la souffrance aura envahi chaque parcelle de son être ;
Pour sortir de cette prison mentale, le suicide peut être la seule solution pour échapper à cet enfer et retrouver la liberté.
Quand le langage devient violence, lui aussi, peut conduire à la mort.
- MARIE-FRANCE HIRIGOYEN
C’est précisément cela le suicide forcé. Il s’agit de :
- Identifier les femmes victimes de violences physiques et morales dans leur relation de couple. Ces violences peuvent être psychologiques, physiques ou les deux. - Certaines de ces femmes peuvent se suicider.
- la nécessité de reconnaître ceux qui ont commis la violence psychologique comme directement responsables du suicide des victimes. En d’autres termes : responsables de leur mort.
Le « suicide forcé » est quand quelqu’un se tue à cause des humiliations ou violences répétées de son conjoint. Il faut créer une nouvelle loi pour punir cela. Ce choix de mots a pu choquer les juristes qui attachent de l’importance à la précision des termes. « Suicide forcé » signifie une volonté délibérée de se tuer, une méthode d’exécution en menaçant d’un mal pire que la mort auto-infligée.
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