Depuis 2019, suite à notre formation sur le gender mainstreaming, le Mouvement pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes prend part au groupe de travail de la ville de Tournai créé dans le but de lutter contre le harcèlement de rue.
Ce groupe de travail cherche à développer une stratégie de campagne pour lutter contre le sexisme dans l’espace public.
Selon une étude réalisée par Plan International en 2019, 91% des femmes (à Bruxelles, Charleroi et Anvers) témoignent avoir été victimes d’harcèlement de rue, contre 28% d’hommes.
C’est à partir de ce constat que plusieurs villes belges ont développé un plan d’action local pour lutter contre les violences sexistes.
Car si les inégalités entre les femmes et les hommes persistent malgré leurs droits égaux, celles-ci sont particulièrement prononcées dans les espaces publics.
La même année, la ville de Tournai a adhéré à la charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale pour pouvoir dire stop au harcèlement de rue. Son entrée en vigueur sera dès 2020.
L’association Stop au Harcèlement de Rue définit celui-ci comme des comportements se déroulant dans l’espace public, où une interpellation verbale ou physique se déroule.
Ces interpellations peuvent être violentes, vulgaires mais également menaçantes voire humiliantes. Un caractère de discrimination sur les apparences physiques peut également faire partie de ce type d’harcèlement.
Depuis l’entrée en vigueur de la loi du 22 mai 2014, qui vise à lutter contre le sexisme, le harcèlement de rue est punissable par la loi.
En 2019, le Conseil Communal de la Ville de Tournai décidait d’adhérer à la charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale.
C’est dans ce cadre qu’un groupe de travail a été créé, groupe de travail auquel notre association prend part, aux côtés de plusieurs autres associations et des services de Police.
Le projet mis en place par le Mouvement pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes se déroule en deux temps:
Premièrement, une enquête de terrain a été réalisée entre les mois de mars et mai 2022, où nous avons mesuré le phénomène de harcèlement de rue, pour pouvoir améliorer les actions de prévention en fonction des résultats de l’enquête.
Cette enquête a été diffusée sur Facebook, le site internet de la ville et dans différents médias. Au terme de celle-ci, nous relevions que:
• Les femmes représentent 84,1% des répondant.e.s et un répondant.e sur deux a entre 16 et 25 ans.
• 9 personnes sur 10 pensent que le harcèlement dans l’espace public est un problème dans les lieux publics car il provoque un sentiment d’insécurité.
• 9 personnes sur 10 ont déjà subi du harcèlement dans l’espace public à Tournai.
• Le harcèlement a lieu de jour et de nuit dans la ville, que ce soit à la gare, dans les parcs, au centre ville ou dans les centres commerciaux.
• Le profil du harceleur : homme adulte méconnu de la victime. Une fois sur quatre, les harceleurs sont un groupe d’hommes. Les hommes sont majoritairement harcelés par des groupes d’hommes, tandis que les femmes sont harcelées tant par des hommes seuls que par des groupes.
• Les témoins n’interviennent pas dans plus de 75% des cas.
• La victime se sent généralement apeurée, humiliée et en colère.
• 82% des personnes interrogées n’interpellent pas l' »autorité » pour demander de l’aide. 16% des sondés ont introduit une plainte.
• Pour éviter le harcèlement, les victimes utilisent trois stratégies: éviter certains endroits, faire semblant d’être au téléphone, ne pas sortir seul.e.
Suite aux résultats de notre enquête, le Mouvement pour l’Egalité entre les Femmes et les Hommes continue son travail au sein des groupes de travail à Tournai.
Notre mission, à présent, consiste à fournir des recommandations à la ville de Tournai.
Nous prônons l’utilisation, par exemple, d’outils préventifs, comme la méthode des 5D, qui peut guider les témoins de harcèlement de rue.
1. Distraire: intervention d’un.e témoin (avant que la situation ne dégénère) pour distraire l’attention du harceleur. Demander l’heure, faire semblant de le connaître, …
2. Déléguer: intervention d’une personne tierce, qui peut aider le témoin à gérer la situation. Passant.e.s, commerçant.e.s, chauffeur.e.s de bus, …
3. Documenter: utiliser son téléphone pour filmer ou photographier la scène. Dans ce cas, il faut indiquer la date, l’heure et le lieu pour que cela apparaisse sur la vidéo. Non pas pour divulguer sur les réseaux sociaux mais pour fournir des preuves dont la victime aura besoin s’il.elle décide porter plainte.
4. Diriger: intervenir directement auprès de la victime en demandant au harceleur d’arrêter et de partir.
5. Dialoguer: une fois le harceleur parti, rassurer la victime, communiquer sur sa peur et son sentiment d’insécurité. Attention à ne pas le.la brusquer.
A titre informatif, il est important de rappeler que le harcèlement de rue est punissable par la loi.
En effet, le 22 mai 2014, une « loi sexisme » est entrée en vigueur. Elle consiste à lutter contre le harcèlement et plus généralement contre les comportements sexistes dans l’espace public.
Toute personne perpétuant ces comportements sexistes et harcelants peuvent être punie.