La traduction de gender mainstreaming, en français, c’est l’intégration du sexe. Concrètement, cela revient à mettre en place l’égalité entre les femmes et les hommes dans les processus de prises de décision et dans les politiques publiques.
L’idée n’est pas de nier les différences sexuelles mais de garantir l’égalité des personnes indépendamment de leur sexe: égalité de droits, égalité dans l’accès à des métiers ou des fonctions, égalité dans l’accès à des ressources.
Le « gender mainstreaming » se distingue par son caractère largement préventif (il vise à éviter la création ou le renforcement des inégalités), transversal (tous les domaines sont concernés) et structurel (approche permanente qui s’intègre dans les processus de travail).
Afin de garantir l’égalité entre les personnes et de lutter contre les discriminations basées sur le sexe, le gender mainstreaming a été concrétisé en Région wallonne par le Plan wallon Gender Mainstreaming en 2015 afin d’intégrer la problématique du genre dans les politiques publiques wallonnes.
Cette approche du genre a été définie en premier en 1985, à la Conférence mondiale de Nairobi des Nations Unies sur les femmes. Suite à cette conférence, les états se sont engagés pour la prise en compte des femmes dans les décisions de développement.
En 1995, la Belgique s’engage officiellement à l’intégration du genre dans ses politiques publiques lors de la quatrième Conférence Mondiale sur les Femmes à Pékin. C’est en 2007 que la loi du 12 janvier renforce cet engagement, pour viser à l’intégration du genre dans les organes fédéraux.
Le Conseil de l’Europe définit cette notion en 1998 comme une manière d’approcher les politiques publiques en prenant compte les intérêts des femmes et des hommes.
La Belgique devient le premier pays à avoir créé une loi sur le Gender Mainstreaming le 12 janvier 2007. Cette loi prévoit l’intégration de la dimension du genre et le respect des engagements de la Conférence mondiale de Pékin dans tous les organes de prise de décision du gouvernement belge.
Plus récemment, en 2021, le Conseil des Ministres belge a développé un plan de mise en place de l’intégration des dynamiques de genre. Ce plan promeut la prise en compte de la dimension du genre dans les organes gouvernementaux et dans l’élaboration des lois.
Si le gender mainstreaming prend de plus en plus d’ampleur aux niveaux international et fédéral, l’égalité des chances entre les femmes et les hommes reste encore un challenge aux niveaux régional, communautaire et communal.
C’est pourquoi notre ASBL s’est donné pour mission de sensibiliser à cet échelon. L’ASBL MEFH est subventionnée par la Région Wallonne dans le cadre du plan d’amélioration de vie des personnes victimes de discriminations basées sur le sexe. En effet, le gender mainstreaming concerne tous les domaines politiques : emploi, finances, affaires sociales, mobilité, … et toutes les personnes impliquées dans la mise en place des politiques publiques.
Nous proposons donc des formations à l’intention des Régions, des Communautés et des Communes.
Par exemple, nous avons réalisé une formation en approche intégrée du genre à la COCOF, pour faciliter la prise de conscience des inégalités femmes-hommes et intégrer la perspective de genre dans les politiques communautaires. La formation s’est déroulée lors de quatre demi-journées, une fois par semaine.
Nous avons également déployé un plan au sein des Communes : une formation en gender mainstreaming à l’intention des responsables communaux et chef.fe.s de service, dans le but de faciliter la prise de conscience à long terme des inégalités entre les femmes et les hommes.
Nous avons notamment publié un guide de sensibilité des communes wallonnes à l’application du Gender Mainstreaming.
Nous veillons à une intégration de la dimension de Gender Mainstreaming dans l’esprit des personnes concernées, en les outillant pour la mise en œuvre d’actions. Car même si le contexte juridique belge adopte les lignes pratiques internationales, il manque d’un cadrage concret. Encadrer les communes signifie de pouvoir toucher les organes publiques plus facilement.
Nos objectifs principaux sont d’établir une liste d’actions concrètes de Gender Mainstreaming à mettre en place au sein des communes, d’une part, et de communiquer ces actions de façon mobilisante, d’autre part. Nous mettons ensuite en place des stratégies de collaboration à l’intérieur de ces communes.
Notre mission de sensibilisation et d’implémentation a commencé en 2017 avec les communes-test de Namur, Gesves, Floreffe, Rochefort et Ciney pour la Province de Namur.
Ensuite, les communes de Beauvechain, Orp-Jauche et Genappe pour la Province du Brabant Wallon ; de Mouscron, Farciennes, Ath, Chapelle-lez-Herlaimont, Bernissart et Aiseau-Presles pour la Province de Hainaut ; de Verviers, Hannut et Marchin pour la Province de Liège ; et de Bastogne et Durbuy pour la Province de Luxembourg.
La seconde série rencontrée en 2018 s’est composée des communes de Herve, Court-Saint-Etienne, Marche-en-Famenne, La Louvière, Andenne, Charleroi, Nivelles, Huy, Liège, Chaumont-Gistoux, Waremme, Enghien, Gembloux, Soignies, Seraing, Braine-le-Comte, Anthisnes, Mons, Tournai, Hotton.
Lors de ces échanges, nous avons pu mettre en place des actions concrètes d’intégration: par exemple, accorder une priorité à la féminisation de la toponymie des noms des rues. Lors de toutes nouvelles nominations/appellations de voiries, places, etc, la Ville restera attentive à donner plus de noms de femmes ayant un intérêt avec le lieu, l’histoire, la culture,…
Pour plus de détails sur ces deux actions concrètes, vous trouverez notre publication sur la sensibilité des communes en matière de Gender Mainstreaming ici.
Après ces deux missions communales, nous avons pu collaborer avec la ville de Tournai pour développer le Gender Mainstreaming dans leur ville. Notre équipe s’est rendue à des réunions pour les aider à l’implémenter, travailler avec les associations sur place, commencer à construire un plan d’action, et notamment signer la charte européenne de l’égalité entre les femmes et les hommes dans la vie locale.
Cela fait deux ans que nous allons à Tournai pour développer ce plan d’action intégration du genre. Une commission consultative pour l’égalité femme-homme a été créée, puis un sous-groupe de travail qui vise à travailler sur l’harcèlement dans l’espace public. En mars dernier, nous avons publié un questionnaire dont les résultats ont été présentés lors d’une après-midi de présentation.