Depuis 2014, le parlement européen reconnaît la prostitution comme allant à l’encontre des droits humains et de l’égalité femmes-hommes. A partir de ce changement, notre association s’est donné pour mission de construire une définition de la prostitution en nous basant sur plusieurs textes, dans le but d’exposer la réalité que subissent les travailleuses et travailleurs du sexe.
Pour nous, la prostitution s’agit d’un rapport de pouvoir s’exprimant par l’appropriation du corps d’une personne par une autre dans un but sexuel, résultant habituellement en une compensation d’ordre financier ou matériel, sous le couvert d’échange, et sur un laps de temps variable.
D’abord, la prostitution dépend du contexte patriarcal de notre société, favorisant de tels rapports. La prostitution et le patriarcat sont des concepts intimement liés, notamment quant à l’objectivisation du corps de la femme.
Selon l’étude ProstCost, qui estime le coût économique de la prostitution en France, la situation prostitutionnelle implique 6 fois plus de viols que pour les autres femmes.
Cette violence liée à la prostitution peut également être psychologique. Les chiffres sont encore plus élevés.
L’association Le Monde Selon les Femmes a également publié un rapport (Prostitution: point de rencontre entre l’exploitation économique et sexuelle) expliquant que la prostitution consiste en une forme d’harcèlement sexuel continu.
Ce rapport indique également que les travailleuses du sexe sont victimes du syndrome de stress post-traumatique et que le suicide est 12 fois plus élevé dans ces situations que dans la population générale.
A ces traumas s’ajoutent la consommation de somnifères 4,5 fois supérieure (selon Prostcost), la détresse psychologique, ou le phénomène de décorporalisation (selon la thèse du Dr. Judith Trinquart).
Cette violence sexuelle est souvent une conséquence des difficultés financières des femmes prostituées.
Peut-on parler de choix quand aucune autre alternative ne semble viable pour se loger, nourrir ses enfants, fuir une guerre, un mariage forcé ou une autre forme de violence et/ou de précarité économique?
Toujours selon l’étude menée par le Monde Selon les Femmes, 9 femmes sur 10 affirment vouloir sortir de la prostitution mais ne s’en sentent pas capables.
1,6 milliards d’euros: c’est le prix sociétal que coûte la prostitution à la société française. Ce chiffre a également été relevé dans l’enquête ProstCost.
Nous pouvons voir que le coût de la prostitution repose sur plusieurs problématiques sociétales, dont la violence.
Toujours selon l’étude du Monde Selon les Femmes, le système prostitutionnel relève de ces concepts et dépend directement des 5 acteurs directement impliqués dans celui-ci.
La prostitution, en Belgique, est maintenant dépénalisée. Cet article de RTL info nous explique qu’en mars 2022, le sénat belge passait la loi selon laquelle les prostituées vont recevoir le statut de travailleur et travailleuse indépendant.e.
Notre pays est le deuxième pays au monde à avoir dépénalisé la prostitution. Cependant, le proxénétisme reste un crime.
Pour plus d’information, voici notre portfolio d’articles et revues qui traitent de ce sujet:
Les lois et politiques suédoises sur la prostitution et la traite des êtres humains
Suisse : la victoire du lobby proxénète
Enquête exploratoire sur la prostitution en FWB: Prostitution, Rapports d’opression et agency
Rapport de l’ESISC sur le crime organisé, la traite des êtres humains et la prostitution
Plan intra-francophone 2015-2019 de lutte contre les violences sexistes et intrafamiliales
La décorporalisation dans la pratique prostitutionnelle : un obstacle majeur à l’accès aux soins
Plan d’action national de lutte contre toutes les formes de violence basée sur le genre