Dispositifs d’orientation pour les professionnel.le.s de première ligne.
Connaître, orienter et autopsie psychologique.
Les études sur le lien entre TS et violences au sein du couple :
es recherches sur le lien entre violences conjugales et suicides ou tentatives de suicides sont rares. Il est donc impossible de chiffrer les suicides forcés de femmes victimes de violences conjugales.
Quelques études antérieurs :
D’après des études européennes et mondiales, les violences entre partenaires intimes ont un impact important sur la santé physique et mentale.
Le risque de suicide est également prédit par les violences entre partenaires intimes selon plusieurs études longitudinales (Devries et al., 2013). En effet, il existe une forte corrélation entre violence entre partenaires et idéation suicidaire (Pico-Alfonso et al., 2006; Chan et al., 2008), par l’entremise de la dépression (Chan et al., 2008). 76% des victimes de l’enquête de Citoyenne féministe (2019) avaient des idées suicidaires, cela serait plus de 7 fois le taux retrouvé chez les non victimes (Afifi, et al., 2009, cités par Cavanaugh et al., 2011).
Selon les études (Chan et al., 2008; Cavanaugh et al., 2011; Citoyenne féministe, 2019), 20% à 29% des victimes de violences entre partenaires intimes avaient tenté de se suicider au moins une fois. Le taux serait de 5 à 8 fois supérieur au taux de la population générale (Chauvin, 2002; Hirigoyen, 2009).
Le risque de comportements suicidaires varierait en fonction:
L’espoir pourrait à la fois être facteur de protection, comme facteur de risque. Ce dernier cas parce que trop d’espoir pourrait amener plus de vulnérabilité à l’accumulation d’évènements de vie stressants (Chang et al., 2018).
Ces constats s’expliquent : en raison du fait qu’en cas de crainte pour leur vie, les victimes peuvent envisager le suicide comme seul moyen d’exercer un contrôle sur une situation devenue intenable (Cavanaugh et al., 2011; Citoyenne féministe, 2019); la sensation que le suicide est la seule solution afin de mettre fin à la douleur ressentie; la volonté de trouver la « paix »; la volonté de se conformer aux attentes de l’agresseur; la sensation d’être incapable de vivre sans l’auteur des violences; ou encore la multiplication des contraintes (Citoyenne féministe, 2019).
Selon Wolfort-Clevenger et Smith (2017), le contrôle coercitif présent dans certaines situations de violences entre partenaires intimes est fortement associé aux comportements suicidaires, lien expliqué par la théorie de la vulnérabilité fluide.
Dans l’étude de Sylvia Walby (Université de Leeds – UK) de 2004 « The cost of domestic violence », il est fait état du fait qu’il existe des preuves d’une forte association entre la violence domestique et tentative de suicide. Au Royaume-Uni, 1 497 décès de femmes par suicide ont été enregistrés en 2000, et après enquête 188 sont imputables directement au VSC, soit 12,5%.
L’étude de Prystel (France) de 2008 menée dans le cadre d’un projet européen DAPHNE « Estimation de la mortalité par violences conjugales en Europe » prend en compte, pour la France, les données issues de l’enquête ENVEFF renseignant le taux de tentatives de suicide chez les femmes ayant subi des violences graves et chez celles ayant subi des violences très graves. L’étude conclut à un taux de 13% de suicide en lien direct avec les VSC.
L’étude spécifique la plus récente sur le sujet est celle de l’Université du Kentucky (USA). Cette étude du département d’épidémiologie (Sabrina Brown et Jacqueline Seals), publiée dans Journal Injury and Violence de janvier 2019 avait pour but de déterminer le pourcentage des suicides dans le Kentucky entre 2005 à 2015 où des problèmes avec le partenaire intime, y compris des violences, ont été identifiés.
Les données de l’Etat du Kentucky issues du Système national d’enregistrement des morts violentes (NVDRS) ont été utilisées à cette fin.
Le NVDRS enregistre les informations des certificats de décès et les rapports d’enquête des médecins légiste, des forces de l’ordre, de toxicologie et les rapports médico-légaux.
Les chercheuses ont repris les dossiers de tous les suicides de la période, soit un total de 7 008 suicides. Elles ont ainsi identifié 1 327 (26% des cas documentés) de suicides où étaient évoqués « des problèmes au sein du couple » (séparation, divorce, méfiance, jalousie, discorde) et/ou des violences au sein du couple.
L’étude distingue en effet « problèmes au sein du couple » et « violences au sein du couple », le second étant l’une des catégories possibles du premier. 575 cas de problèmes au sein du couple (physique, sexuelle, psychologique). Cependant, les résultats fournis dans l’article ne sont pas suffisamment genrés pour différencier ces résultats suivant le sexe du défunt.
Le résultat global, utile pour notre estimation est donc le suivant: dans 11% des suicides étudiés (43% des 26%), la violence du partenaire intime a contribué au suicide.
Utilisation des résultats de l’enquête Virage:
C’est à partir de ces éléments que nous allons pouvoir mener notre calcul. Nous savons donc que:
Méthodes utilisées :
On observe donc que :
Les conséquences sur le nombre des féminicides en France en 2017 :
Femmes victimes au sein du couple (féminicides) : 130
Hommes victimes au sein du couple : 21
Enfants victimes : 25
Victimes collatérales : 12
Femmes victimes au sein du couple (féminicides) : 130
Femmes victimes d’un suicide forcé : 209, soit un total de 339 décès de femmes victimes de VSC pour 2017.
Nous avons volontairement exclu de ce total les suicides des auteurs des homicides pour ne pas regrouper dans un même total les victimes et les auteurs des crimes, ni les enfants et victimes collatérales pour nous en tenir au seul nombre de femmes victimes. Cependant, il est vrai que nous additionnons ensemble des chiffres constatés (ceux de la DAV) et des chiffres estimés (ceux des suicides forcés), mais nous sommes ainsi assurément plus proches de la réalité qu’avec les seuls chiffres constatés.
Les limites de l’estimation :
En suivant les étapes de notre raisonnement pour arriver à notre estimation du nombre des SF, nous avons successivement :
Les moyens de l’améliorer : Il existe plusieurs pistes pour améliorer la robustesse de notre méthodologie :
Des études sur le lien entre violences au sein du couple et suicide ou TS:
Il est indispensable de considérer la violence au sein du couple comme un problème de santé publique. En effet, selon les chiffres de l’OMS, les femmes victimes de violences entre partenaires intimes perdent une à quatre années de vie en bonne santé. En outre, ces violences multiplient par
deux les dépenses relatives aux soins de santé pour ces femmes. Il est également important de préciser que les coûts des violences conjugales s’élèveraient au chiffre impressionnant de 16 milliards d’euros en Europe.
Plusieurs études se sont données pour objectif d’analyser les conséquences des violences entre partenaires intimes sur la santé mentale des femmes, certaines ayant mis en évidence les corrélations entre ces violences et les tentatives de suicides faites par les femmes victimes. Une présentation de ces articles est dressée dans les lignes qui suivent.
Note : Nous supposons logiquement que les chiffres renseignés dans les articles concernent la vie jusqu’alors lorsqu’aucune autre durée n’est mentionnée.
Une étude menée en 2002 s’attelant à analyser les conséquences des violences conjugales sur la santé des femmes a dégagé certaines conclusions.
Tout d’abord, il est important de noter que la moitié des femmes qui font l’objet d’une hospitalisation en psychiatrie souffre de violences de la part leur partenaire. En outre, le risque de syndrome post‐traumatique et de dépression paraît être plus important dans des contextes de violences conjugales que de violences sexuelles subies dans l’enfance. Il en est de même en ce qui concerne la consommation de psychotropes, laquelle est très élevée chez ces femmes victimes. Elle est, en effet, 4 à 5 fois plus importante comparativement à la population générale.
Enfin et plus fondamentalement, en conséquence des précédents éléments, elles feraient 5 fois plus de tentatives de suicide comparé à la population générale.
Cette étude avait pour objectif de mettre en avant la prévalence et les corrélats des menaces de suicide et de tentatives de suicides chez 662 femmes victimes de violence entre partenaires intimes. Selon l’Institut national de la santé, les femmes victimes de violence entre partenaires intimes ont plus de risque d’avoir des pensées et/ou conduites suicidaires. En effet, une étude révèle que les femmes victimes ont 7 fois plus de risque de présenter des pensées suicidaires par rapport aux femmes qui ne sont pas confrontées à ce type de violences. Par ailleurs, une victime sur cinq a menacé ou tenté de se suicider au cours de sa vie.
L’article adopte une perspective intersectionnelle intéressante.
Ainsi, les femmes souffrant de maladie chronique ou invalidante présentaient 2,4 fois plus de risques d’avoir menacé ou tenté de se suicider que les autres. Ces données peuvent s’expliquer en raison du fait que ces personnes peuvent être davantage isolées socialement et contrôlées par leur conjoint et peuvent donc voir le suicide comme étant la seule porte de sortie envisageable.
Les femmes plus jeunes sont significativement plus touchées.
L’ethnicité constitue également une variable importante puisque les victimes afro‐américaines sont 40% moins susceptibles d’avoir menacé ou tenté de se suicider que les latino‐américaines. De plus, certaines circonstances peuvent aggraver le risque que les victimes de violences menacent ou tentent de se suicider.
Pour commencer, les victimes présentant un risque plus important de subir des agressions potentiellement mortelles de la part de leur partenaire intime encourent une probabilité sensiblement plus élevée d’avoir menacé ou tenté de se suicider.
En outre, les sévices graves infligées par le conjoint ainsi que la dangerosité de celui‐ci ont également un impact.
Ces constats s’expliquent en raison du fait qu’en cas de crainte pour leur vie, les victimes peuvent envisager le suicide comme seul moyen d’exercer un contrôle sur une situation devenue intenable. Le danger considérable encouru dans le cadre d’une relation violente impacte la santé mentale des femmes qui en sont victimes qui ont plus de risque de subir un syndrome de stress post‐traumatique, de l’anxiété et de la dépression. Ces conséquences attachées à la violence grave sur la santé mentale des femmes aggravent, à leur tour, la probabilité que les victimes aient des pensées suicidaires.
Finalement, il est apparu que les femmes victimes dont le conjoint avait menacé ou tenté de se suicider présentaient un risque plus élevé d’avoir elles‐mêmes menacé ou tenté de se suicider.
La présente revue systématique et méta‐analyse, incluant des études longitudinales publiées avant février 2013, vise à étudier les liens existant entre la violence entre partenaires intimes et la dépression ainsi que les tentatives de suicide, et inversement.
Certaines études ont, d’une part, révélé que les contextes de violence conjugale étaient fortement et systématiquement associés aux troubles dépressifs et aux suicides. Une enquête a mis en évidence que la violence entre partenaires intimes doublait le risque de souffrir de symptômes dépressifs.
Il existe, d’autre part, des associations dans le sens inverse. Une analyse a montré que les symptômes dépressifs doublaient le risque que les femmes soient victimes de violences conjugales.
La présente étude confirme cette direction bidirectionnelle : les femmes souffrant de dépression sont plus susceptibles d’être dans une relation abusive mais le fait d’être dans une relation abusive prédit un trouble dépressif et augmente, de la sorte, le risque de tentative de suicide.
Le mouvement « Citoyenne Féministe » avait pour objectif, dans la présente enquête, de mettre en avant le phénomène des suicides forcés. 584 victimes ont répondu à un questionnaire en ligne.
Il ressort de son étude que 76% des victimes ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires, que 29% d’entre‐elles ont fait des tentatives de suicides et que 13% ont été hospitalisées en psychiatrie.
Ces chiffres s’expliquent au regard de plusieurs raisons : la sensation que le suicide est la seule solution afin de mettre fin à la douleur ressentie ; la volonté de trouver la « paix » ; l’envie de reprendre le contrôle par le biais du suicide ; la volonté de se conformer aux attentes de l’agresseur ; la sensation d’être incapable de vivre sans l’auteur des violences ou encore la multiplication des contraintes.
Le présent article vise à mettre en lumière les effets dévastateurs de la violence conjugale sur la santé des femmes qui la subissent.
La violence entre partenaires intimes peut, tout d’abord, provoquer des troubles psychiques tels que l’anxiété, des troubles du sommeil, des difficultés pour se concentrer, etc. Ces difficultés entraînent, pour beaucoup de ces femmes, des consommations importantes d’alcool, de toxiques ou encore de médicaments psychotropes.
Un certain nombre de troubles psychosomatiques peuvent également se présenter. Certaines femmes victimes peuvent ainsi souffrir de douleurs chroniques, de céphalées, de difficultés respiratoires, etc.
Il est important de mettre en lumière que la dépression touche plus de la moitié des femmes victimes de violences de la part de leur conjoint. Elles feraient également 5 à 8 fois plus de tentatives de suicide par rapport à la population générale.
Il s’agit d’une enquête visant à mesurer la proportion, au sein d’un large échantillon d’étudiant∙e∙s, des personnes ayant perpétré de la violence physique et/ou sexuelle à l’encontre de leur partenaire intime. Il était également question de faire le lien entre les violences conjugales et les idées suicidaires.
Il ressort de l’étude qu’il existe une forte corrélation entre la violence entre partenaires intimes et les idées suicidaires et ce, tant du côté des auteurs que celui des victimes. C’est la dépression qui explique la relation entre la violence dans les fréquentations et les idées suicidaires.
Le sondage a également mis en avant le fait que les femmes exposées à de la violence entre partenaires intimes sont plus susceptibles que les autres d’avoir fait une tentative de suicide. Les taux des tentatives de suicide chez les femmes victimes s’élèvent de 20 à 26%.
98 personnes de 18 à 64 ans ont participé à cette étude visant à déterminer les liens entre espoir, violences conjugales et idéations suicidaires.
La violence conjugale impacte lourdement la santé mentale des femmes qui la subissent. Elles sont, en effet, plus susceptibles de souffrir, entre‐autres, de dépression, d’anxiété, de troubles alimentaires et de stress post‐traumatique.
Des études ont mis en avant que 20 % des femmes victimes de violences entre partenaires intimes avaient menacé ou avaient tenté de se suicider au cours de leur vie. Bien qu’on sache que les violences entre partenaires intimes peuvent aggraver les comportements suicidaires, peu d’études ont été menées afin de déterminer les potentiels facteurs de protection qui pourraient réduire le risque qu’elles adoptent ces dits comportements. C’est pourquoi le présent article vise à déterminer dans quelle mesure l’espoir pourrait avoir une influence à la fois sur les violences conjugales et sur le risque qu’elles entrainent des comportements suicidaires.
Les résultats de l’étude qui a été menée vont dans deux sens opposés : l’espoir peut effectivement atténuer la relation entre violence conjugale et comportements suicidaires mais il peut également l’exacerber.
Une explication permettant de comprendre le deuxième effet est la suivante : le fait, pour une personne, d’avoir un niveau d’espoir élevé peut la rendre plus vulnérable quand elle est confrontée à une accumulation d’événements de vie stressants, comme c’est le cas lors d’expériences de violence conjugale. Il est toutefois, nécessaire de poursuivre les études afin de comprendre dans quelle mesure l’espoir peut être plus ou moins bénéfique pour les victimes de violence entre partenaires intimes.
La présente enquête avait pour but l’approfondissement de la compréhension du lien entre la violence entre partenaires intimes et les comportements suicidaires, plus précisément dans la situation de femmes cherchant un abri auprès des professionnels ad hoc. L’étude visait à interroger l’impact du contrôle coercitif sur les pensées suicidaires. 134 femmes ont participé à cette étude transversale.
L’enquête met en évidence le fait que les victimes cherchant un abri présentent un risque accru d’avoir eu des pensées suicidaires et de faire des tentatives de suicide (34%) comparativement tant aux autres victimes qui ne demandent pas une telle aide (6,6%) qu’aux femmes au sein de la population générale (4,2%).
Ces résultats peuvent, entre autres, être justifiés en raison du fait que ces femmes sont soumises à un contrôle coercitif de la part de leur conjoint.
Le concept de contrôle coercitif renvoie à : « des stratégies répétitives, certaines étant violentes et d’autres non, dont les effets cumulatifs doivent être analysés dans leur contexte plus large de domination ».
Il se déploie à travers deux mécanismes.
D’une part, l’auteur peut avoir recours à de la coercition. Cette dernière vise toute stratégie adoptée par l’auteur des violences dans le but d’avoir ce qu’il désire dans l’immédiat. Le recours à la force ou la menace de l’utiliser constituent des méthodes qui peuvent être employées à cet égard.
D’autre part, l’agresseur peut utiliser la stratégie du contrôle. Le contrôle prend la forme d’une série de stratégies qui peuvent avoir lieu à différents moments au cours de la relation. Elles peuvent se concrétiser par des privations de droits et de ressources et l’imposition de micro‐régulations. Ces dernières renvoient à des règles dictées par le bourreau qui peuvent prendre des formes multiples et qui visent à maintenir le contrôle et la domination de l’auteur sur sa victime.
Ainsi, à l’inverse de la violence entre partenaires intimes qui se manifeste par des actes se déroulant selon une certaine gradation et de manière épisodique, la notion de contrôle coercitif renvoie aux stratégies cumulatives et invisibles que le conjoint met en place et dont certaines peuvent être vues comme étant de moindre gravité.
De nombreuses études ont, en effet, mis en avant que le contrôle coercitif était fortement associé à des idées et des comportements suicidaires.
C’est la théorie de la vulnérabilité fluide qui permettrait de comprendre les liens existant entre le contrôle coercitif, les symptômes psychiatriques et les comportements suicidaires. Selon cette théorie, « les facteurs de stress activent la vulnérabilité aiguë au suicide par le biais d’un « mode suicidaire », qui implique des réponses distinctes, favorisant le risque de suicide, de la part des systèmes cognitif, affectif, physiologique et comportemental/motivationnel ».
« Plus précisément, les réponses cognitives impliquent une ou plusieurs croyances fondamentales négatives, telles que l’inutilité et le désespoir. Le système affectif est caractérisé par la dysphorie, impliquant divers états d’humeur négatifs tels que la tristesse, la colère et l’anxiété. Les composantes physiologiques de ce mode impliquent une excitation accrue. Les aspects comportementaux et motivationnels du mode suicidaire impliquent un désir clair de mort ou l’intention de mettre fin à ses jours ».
Il est important de noter que des précédentes tentatives de suicide vont faire naitre une vulnérabilité durable prédisposant ainsi les femmes victimes à l’activation du mode suicidaire. Ce dernier sera ainsi plus souvent activé par les victimes ayant fait plusieurs tentatives de suicide que celles n’en ayant fait qu’une seule ou n’en ayant pas fait en raison d’existence de cette vulnérabilité au mode suicidaire.
Les femmes soumises à des relations de contrôle peuvent être vulnérables à des pensées négatives orientées vers elles‐mêmes. Il apparait, ainsi, que les victimes qui cherchent de l’aide souffrent de symptômes dépressifs, de syndrome de stress post‐traumatique, de désespoir, etc.
D’après la théorie de la vulnérabilité fluide, ces troubles augmentent le risque d’adopter des comportements suicidaires.
La présente enquête a été menée auprès de 1 152 femmes victimes de violences entre partenaires intimes, dont l’âge variait entre 18 et 65 ans dans des cliniques de médecine familiale entre 1997 et 1999. L’objectif poursuivi était de déterminer quel était l’impact des violences sur la santé
mentale des victimes et dans quelle mesure le soutien social pouvait réduire cet impact.
Les violences entre partenaires intimes ont des conséquences sur la santé mentale et physique des victimes. Ces dernières sont, en effet, plus susceptibles de souffrir de dépendance toxicomane, de symptômes de stress post‐traumatique, de dépression, d’anxiété et de comportements
suicidaires.
Il apparait, à la suite de cette enquête, que, parmi les femmes ayant témoigné de la violence subie auprès d’autres personnes, celles qui ont reçu du soutien de la part de ces personnes présentaient un risque réduit d’avoir des pensées ou d’adopter des gestes suicidaires. Ces victimes étaient, en
effet, moins susceptibles de présenter un mauvais état de santé mentale ou physique.
Cette étude avait pour visée d’établir l’impact des violences entre partenaires intimes (physiques, psychologiques et sexuelles) sur la santé mentale des victimes. Pour ce faire, une comparaison entre 75 femmes physiquement et psychologiquement abusées ; 55 femmes psychologiquement
abusées ; et 52 femmes non‐abusées ; a été menée.
Il apparait que les femmes victimes de violence (qu’elle soit physique et psychologique ou seulement psychologique) ont un risque plus élevé de présenter des symptômes dépressifs et anxieux, de stress post‐traumatique et des pensées suicidaires.
Il faut préciser que, d’après cette étude, il n’existe aucune différence en termes d’impact sur la santé des victimes entre celles exposées à de la violence physique et psychologique et celles exposées uniquement à de la violence psychologique. Ces résultats paraissent importants dans la
mesure où la violence morale est encore fortement considérée comme étant une violence de gravité moindre au sein de l’inconscient collectif.
Cette revue de la littérature a dégagé 35 articles examinant le lien entre violence entre partenaires et santé mentale, publiés entre 2004 et 2014. L’objectif de ce travail était d’indiquer aux professionnels de la santé mentale de première ligne ce qu’il y avait à savoir pour procurer des
soins adaptés aux femmes victimes de violences entre partenaires intimes.
Déclarée épidémique en 2002 par l’OMS69, la violence entre partenaires qui s’abat majoritairement sur les femmes, prend aussi des formes et a des conséquences plus sévères pour les femmes.
Parmi ces conséquences figure le risque accru de développer un trouble de santé mentale, dont par exemple une addiction70, une dépression, une dysthymie, la suicidalité, une phobie, le trouble d’anxiété généralisée ou un état de stress post‐traumatique.
En particulier, l’abus émotionnel ou psychologique a été associé à une faible estime de soi, de la dépression et l’état de stress post‐traumatique.
Le risque de féminicide a été associé à la présence à la fois d’une dépression et d’un état de stress post‐traumatique. L’usage d’alcool par la victime par contre n’était pas associé au risque létal. En effet, dans une autre étude, les victimes qui subissaient les formes les plus sévères de violence
avaient plus de chance de présenter des comorbidités.
Une explication possible des liens entre abus dans l’enfance, à l’âge adulte et la consommation de substances, consiste dans le fait que les abus subis dans l’enfance peuvent entraîner faible estime de soi, dépression, anxiété, culpabilité et autres problématiques psychologiques, qui à leur tour
entraînent une vulnérabilité à la victimisation en tant qu’adulte et à l’auto‐médication via les produits.
Certains groupes plus touchés?
Critère du genre
Le critère du genre a un fort impact dans les phénomènes de suicides et de tentatives de suicides. Les suicides aboutis concernent, pour une grande partie, les hommes. Les hommes se suicident, environs, trois fois plus que les femmes.
Concernant les tentatives de suicides, la tendance est renversée: ce sont les femmes qui sont nettement plus touchées. En effet, la proportion de tentatives de suicide s’élève de 1 à 3 chez les hommes et de 1 à 14 s’agissant de femmes.
Parallèlement, selon un sondage réalisé en 2017, davantage de femmes ont déclaré avoir eu des pensées suicidaires durant leur vie par rapport aux hommes (16% contre 12%).
Les femmes envisagent et tentent donc plus de mettre fin à leurs jours alors qu’il y a davantage d’hommes qui y parviennent. Les chiffres étayent cette réalité: 1243 suicides ont été recensés chez la gente masculine contre 500 chez les femmes.
Les raisons expliquant ces taux de suicides plus élevés chez les hommes semblent être essentiellement sociétales. Les hommes auraient davantage de comportements impulsifs par rapport aux femmes. Ils auraient aussi plus recours à des moyens violents pour mettre fin à leurs jours tels que les armes à feu, la pendaison ou encore les explosifs alors que les femmes privilégieraient plus l’ingestion médicamenteuse. En outre, les femmes seraient plus à l’abri de l’isolement affectif et social en raison du fait qu’elles s’impliquent, toujours à l’heure actuelle, davantage au sein de la sphère familiale. Enfin, il apparait que les hommes ont plus de difficulté à demander de l’aide lorsqu’ils en ont besoin et utilisent également moins les services médicaux et les services d’aide.
Critère de l’âge
Les personnes les plus touchées par les comportements suicidaires sont les adolescents et les personnes âgées. On recense, en effet, un nombre important de tentatives de suicide à l’adolescence et de suicides aboutis chez les personnes âgées. Ainsi, chez les jeunes de moins de 25 ans, on relève 100 à 200 tentatives de suicides. Concernant les personnes âgées de plus de 65 ans, les suicides concernent 1 personne sur 2 ou 3.
Critère du niveau de diplôme
Les comportements suicidaires sont également liés au niveau d’instruction des personnes concernées. Les personnes les moins formées ont 1,5 fois plus de risque de penser au suicide au cours de leur vie que les personnes ayant reçu le niveau d’instruction le plus élevé. D’après une enquête réalisée en 2008, il y a davantage de tentatives de suicide au sein des personnes les moins scolarisées. On en recense ainsi 6,7% au sein du groupe de personnes ayant reçu le moins de formation contre 4,1% des diplômé-e-s de l’enseignement supérieur.
Evolution des effectifs: Le taux de mortalité lié au suicide est stable chez les hommes et a tendance à diminuer chez les femmes, en tout cas, en Wallonie. On relève ainsi un taux équivalent à 0,33 chez les hommes et un taux qui est descendu de 0,14 en 1989 à 0,10 en 2004 chez les femmes.
Voici le graphe de l’évolution de ces effectifs durant cette période:
Les tentatives de suicides (TS) en France:
Retour sur le lien de causalité:
Remarques:
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